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LA RECOLTE

PORTAGE DES OUTILS
Pour plus de sécurité et d'efficacité, mieux vaut avoir une sacoche pour le sécateur et le machete, ce qui laisse les 2 mains libres. Certains botanistes fixent ces outils manuels à leur ceinture par des chaînes à enrouleur pour ne pas les perdre ou les oublier sur le terrain. Mais il existe un certain risque que la chaîne se prenne dans la végétation ou s'accroche à une aspérité, quand on grimpe avec ce genre d'équipement.

AMELIORATION DES RECOLTES
On peut tolérer un spécimen très pauvre, mais seulement dans le cas où il n'y a vraiment rien d'autre. Par contre, quand le matériel se trouve en quantité suffisante, il mérite quelques efforts supplémentaires pour faire un grand nombre de parts. Dans les cas où on ne dispose que d'un maigre matériel fertile, on peut souvent enrichir les parts avec des suppléments stériles.

Si le but de tout bon spécimen est de fournir une image satisfaisante de la plante sous la forme qui convient le mieux à son étude, on devrait toujours veiller à inclure une gamme aussi complète que possible de la variation de ses caractères tels que la plus grande et la plus petite feuille, les jeunes feuilles pour montrer la pubescence, les stipules, etc...

Les spécimens doivent, dans toute la mesure du possible, être systématiquement enrichis par un supplément de fleurs ou d'inflorescences. Il n'y a absolument aucune raison de ne prendre qu'une seule fleur ou une seule inflorescence par spécimen, alors même qu'on en a sous la main en abondance.

TEMOINS FERTILES ET TEMOINS STERILES
Il est très important de récolter autant que possible du matériel fertile. Si on a des témoins stériles récoltés pour des études écologiques ou anthropologiques, il convient de faire une récolte parallèle du matériel fertile de la même espèce. Le témoin stérile pourra ainsi lui être comparé et son identification sera ainsi vérifiée grâce à cette récolte fertile beaucoup plus facile à déterminer. Il ne faut pas négliger pour autant les caractères végétatifs: s'il y a différentes formes de feuilles, il faut le montrer; il faut aussi se procurer des rameaux jeunes et âgés, surtout pour les plantes grimpantes etc... Les gourmands, les rejets de souche et les baliveaux, souvent très différents du matériel adulte, peuvent s'avérer très utiles.

AVANT LE PRESSAGE
La mise en presse sur le terrain est en général moins efficace que la récolte en sacs de plastique. Le matériel fragile peut être mis en presse sur le terrain et ce qui est plus résistant peut être transporté en sac de plastique pour être mis en presse ultérieurement. Veiller à toujours emporter de petits sacs de plastique ou du journal pour envelopper les plantes très petites ou très fragiles; celles-ci pourront être mises dans un sac plus grand. Une solution de fortune au manque de petits sacs de plastique: les petits échantillons peuvent aussi être enveloppés dans n'importe quelle feuille de grande taille comme celle d'Heliconia.

SACS
Quand on récolte avec des sacs de plastique, veiller à plier les spécimens à une longueur correcte compatible avec celle d'une feuille d'herbier et à les installer solidement, mais avec précaution, dans le sac: ne pas se contenter de les laisser choir n'importe comment. Ainsi bien déposées, les différentes récoltes ne s'entremêleront pas les unes avec les autres et subiront moins de dommages. Ensuite, pour vider le sac, il faudra le retourner sens dessus-dessous et dégager soigneusement tout son contenu s'il est entremêlé. Il faut éviter de sortir le matériel en tirant dessus, car en général les spécimens risquent d'être cassés. Il est préférable d'utiliser de grands sacs plutôt que des petits: cela abîme moins les plantes. Quant aux plantes grandes et lourdes, mieux vaut les placer dans des sacs séparés car elles risquent d'endommager les plus délicates; ceci est particulièrement vrai avec des Palmiers et des Aracées.

Pour éviter une dessication trop importante, les plantes peuvent être roulées dans du papier journal humide et placées dans un sac de plastique posé à l'ombre. Pour des récoltes massives en milieu tropical, ce procédé n'est pas toujours réalisable.

CAS PARTICULIERS
Les mousses, les cônes, les fruits, les fleurs de Cuscuta, de Cactus et autres plantes succulentes peuvent être mis dans de petits sacs de papier avec le numéro inscrit sur le devant; ils sèchent sans avoir été pressés. Si on les garde dans des sacs de plastiques, ils moisiront rapidement même après séchage.

RETRACTION DUE AU SECHAGE
Certaines plantes se rétractent beaucoup en séchant, notamment les plantes succulentes. Aussi faut-il garder ce fait à l'esprit au moment de la récolte avant la mise en presse. Un tel matériel, qui semble "copieux" à l'état frais, fera "étriqué" une fois sec.

COMMENT NOTER LE PORT
Au moment de la récolte, bien observer la plante elle-même pour estimer sa hauteur et noter ses autres caractères. Bien des personnes qui ont du mal à se souvenir de ces informations, n'ont en fait pas regardé de bien près la plante sur son lieu d'origine. Si on craint de ne pouvoir se souvenir des détails, il faut porter sur soi un petit carnet ou un marqueur qui permet d'écrire directement sur les feuilles; on notera par exemple "E" pour "épiphyte", "a-2" pour "arbuste de 2m", "A-40" pour "arbre de 40m" ... Quand on récolte sous presse, on peut aussi noter ces informations sur le bord du papier journal. De nombreux récolteurs marquent ainsi leurs spécimens pour prévenir des mélanges ultérieurs. Des étiquettes d'horloger blanches peuvent être solidement attachées aux tiges ou aux fruits, avec le nom, le numéro du récolteur et une détermination de terrain, écrits avec une encre permanente ou un crayon à papier. D'autres récolteurs utilisent des papillons pré-imprimés. Ces procédés deviennent difficiles à mettre en oeuvre quand les conditions de terrain sont rudes ou s'il pleut. Plusieurs récolteurs enregistrent leurs observations de terrain sur un micromagnéto-phone; ce moyen est très commode mais il exige beaucoup précautions, sinon beaucoup d'informations seront irrémédiablement perdues.

ECHENILLOIRS
Les échenilloirs (outil d'élagage) sont très utiles et même indispen-sables quand on récolte en milieu forestier. Les perches standard MO sont formées de 2 segments en tube emboîtés l'un dans l'autre dont l'ensemble à une longueur d'environ 3,6 m. En ajoutant des tubes supplémentaires, on peut travailler de manière relativement aisée, avec jusqu'à 6 segments, soit une longueur totale d'environ 10,5m. Après avoir assemblé quelques tubes, il faut maintenir l'instrument bien verticalement; de nouveaux tubes peuvent alors être ajoutés par la base. Vu la flexibilité des tubes, la tête-sécateur ne cesse d'osciller, alors même que l'ensemble est tenu bien vertical; on n'arrive à le stabiliser qu'en l'appuyant contre une branche; on peut alors ajouter d'autres segments pour amener la tête-sécateur vers le rameau désiré. Peu nombreux sont ceux qui sont parvenus à ajouter un 7ème ou un 8ème tube, tant cela exige de force et d'adresse.

PERCHES DE TERRAIN
Les tubes et autres dispositifs pour étendre les possibilités de récolte sont d'un transport difficile. Un autre moyen consiste à couper un long baliveau à la fois mince et robuste, terminé par une fourche qui permet d'enserrer un ou quelques rameaux qu'on tord en tournant jusqu'à ce qu'ils cassent: on parvient souvent ainsi à faire descendre des spécimens situés jusqu'à 6 m au-dessus du sol. On peut aussi casser à moitié l'une des branches de la fourche pour la reployer et la fixer à sa soeur: on obtient alors un crochet grâce auquel on peut faire descendre des épiphytes. Dans la plupart des stations, ce procédé n'a qu'un léger impact écologique; il faut cependant éviter de l'utiliser dans le cas où de nombreux botanistes travaillent sur une aire relativement réduite.

SCIES
On peut lancer par dessus une branche un poids de plomb attaché à un fil à pêche (on peut aussi utiliser une fronde de chasse). Ce fil permet de tirer par dessus la branche un câble mince et solide muni en son milieu d'un morceau de chaîne de scie. Deux personnes se tenant un peu de côté, peuvent alors tirer alternativement sur chaque extrémité du câble et scier la branche (plus difficile à une seule personne). On peut perfectionner ce dispositif en coupant en deux moitiés 4 à 6 pieds (1,20 à 1,80 m) d'une chaîne de scie, qu'on couple par des rivets de telle sorte que l'une des moitié soit tournée vers le haut et l'autre vers le bas: on est ainsi assuré de disposer d'un angle de coupe favorable pendant le sciage. Une marque faite à la peinture ou un fanion de couleur vive à chaque extrémité de cette "lame" permettra de mieux repérer sa position.

CORDE D'ESCALADE POUR GRIMPER AUX ARBRES
Un projectile de fronde ou encore une flèche peuvent aussi servir au lancer d'un câble mince par dessus une grosse branche; une ficelle attachée à ce câble peut ainsi être passée par dessus la branche et tirée de l'autre côté; à l'autre extrémité de la ficelle est attachée une corde d'escalade par laquelle on peut monter et descendre selon les techniques de l'alpinisme. Il importe alors de toujours avoir une ceinture de sécurité ou un harnais pour évoluer dans la voûte forestière.

LES POINTES DE POSEURS DE LIGNE
Des griffes d'acier (pointes de poseur de lignes électriques) ne permettent de grimper qu'aux troncs de forme assez régulière; la ceinture convient mieux pour les très gros arbres; les pointes françaises sont meilleures pour des troncs assez étroits. On peut combiner l'usage de ces pointes pour l'ascension avec celui d'une corde d'escalade pour la descente (beaucoup plus difficile et plus dangereuse avec les pointes!).

LA BICYCLETTE
La bicyclette pour grimper aux arbres est un autre procédé: il s'agit en fait de pointes d'acier montées sur des cercles réglables qui font le tour du tronc. Le seul point commun avec une bicyclette est que ce dispositif demande un mouvement de pompage pour monter et descendre. Ce procédé est plus facile et probablement plus sûr que les pointes utilisées seules, mais son matériel est aussi plus lourd et plus encombrant à transporter.

ASCENSION ET ECHENILLOIR
L'usage combiné de l'ascension et de l'échenilloir s'est avéré très productif. Une fois parvenu au plus près de la voûte forestière, on peut hisser l'échenilloir et atteindre les branches de plusieurs espèces différentes devenues de fait accessibles à partir d'un seul point. Il importe toutefois de ne jamais oublier d'attacher la corde de l'échenilloir à sa ceinture avant de monter...

FUSILS
Quelques personnes ont utilisé des fusils à lunette perfectionnés pour faire descendre des rameaux. Cela exige non seulement une grande adresse mais encore un permis spécial pour le port du fusil, obligatoire dans la plupart des pays. Par ailleurs, un étranger avec un fusil attirera encore davantage l'attention des gens du pays.

CONSEILS
Il faut obligatoirement mettre en balance l'équipement à emporter pour récolter les plantes et la distance à parcourir: moins on est chargé, plus on peut rapporter de plantes et augmenter le nombre des lieux à prospecter. Aussi doit-on faire un choix équilibré entre l'acharnement mis pour récolter une plante en particulier et un itinéraire plus long avec plus de chance de retrouver la même espèce plus accessible. Les espèces rarement récoltées ont probablement exigé plus d'efforts que les espèces communes; il en est de même, pour celles souvent rencontrées près du sol, par rapport à celles qui ne sont jamais ainsi. Durant les premiers jours passés sur une nouvelle aire de récolte, mieux vaut ne pas trop s'acharner sur une plante particulière car, au fur et à mesure qu'on se familiarisera avec l'endroit, les chances augmenteront de retrouver la même espèce plus accessible.


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