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LA PROSPECTION

CHOIX DES LIEUX DE RECOLTE
Il faut s'efforcer de couvrir le plus grand nombre possible de stations différentes: forêt, bord de cours d'eau, sommet de crêtes, pente, affleurement rocheux, culture, lisière etc...Ce qu'on peut facilement atteindre dans une très belle forêt primaire est en général assez limité; mais il arrive souvent que des espèces, même parmi les plus rares, s'en échappent: dans la région de cette forêt, au bord des pistes, près des cultures vivent surtout les plantes les plus banales, mais parfois aussi ces espèces erratiques, dont les spécimens seront autant de témoins significatifs pour la répartition géographique.

Les arbres, les lianes et les arbustes de forêt primaire présentent souvent leurs plus basses branches en lisière, aussi convient-il de ne pas négliger cette zone. De même, il opporte de prospecter les chutes d'arbres car elles entraînent à terre des branches et des rameaux appartenant à des espèces de la voûte, ex. épiphytes et lianes. Enfin, dans les milieux ouverts, on se rappellera qu'avec la lumière, les plantes tendent à fleurir et à fructifier davantage.

EQUIPES
Quand deux récolteurs (ou plus) travaillent ensemble, il est plus efficace d'aller chacun dans des stations différentes ou de convenir à l'avance d'un temps consacré par chacun aux différentes formes biologiques, arbres, lianes, épiphytes, Fougères etc...Il faut surtout éviter que deux personnes récoltent les mêmes plantes, aux mêmes endroits, en même temps.

QUELQUES CONSEILS
Les lieux en cours d'aménagement, les trouées pour les nouvelles pistes sont autant d'endroits propices pour la récolte; mais, attention aux chutes d'arbres ! Arbres, lianes, épiphytes de la voûte, deviennent alors faciles à récolter. Dans ces lieux, où la végétation sera de toute façon sacrifiée, on n'a plus à se soucier de protection des espèces. Inversement, dans toute aire vouée à la conservation de la Nature (parc, réserve), la récolte sera conduite en tenant toujours soigneusement compte de l'importance des populations.

Il convient de se montrer ouvert et amical avec les gens du pays et d'être toujours disposé à leur expliquer ce qu'on est en train de faire et ce, dans les termes les plus accessibles à leur compréhension. Cesser soudain de récolter et lancer des regards méfiants, tout cela peut leur donner à penser qu'on est en train de faire quelque chose de mal; ils s'estimeront moins aggressés, si on leur témoigne une considération et une attitude amicale.

PLANTE COMMUNE OU RARE ?

Mieux vaut faire beaucoup de doubles pour une espèce rare et peu pour celles qui sont banales (ici,"espèce rare" signifie "rare dans l'herbier", mais elle peut être abondante sur place). Ceci est valable surtout pour les plantes pérennes ou les herbes abondantes dont la récolte n'affecte pas sensiblement la population. Ainsi, mieux vaut récolter 3 parts d'herbier d'une espèce très commune et 11 parts d'une espèce rare, que 7 parts de chaque. Ces 2 alternatives supposent le même travail et occasionnent le même encombrement de la presse d'herbier. Il faut, dans toute la mesure du possible, veiller à récolter un matériel pour 3 parts d'herbier au moins:
1 pour le pays d'origine;
1 pour l'institution à laquelle on appartient;
1 pour le spécialiste.

Il est plus important de récolter des espèces mal représentées dans l'herbier que celles qui le sont bien. Néanmoins, il faut aussi tenir compte de l'aspect géographique: une espèce peut avoir été très récoltée dans une région donnée et ne plus présenter pour celle-ci qu'un intérêt très relatif, alors que, très peu récoltée dans d'autres régions, elle y présente, par ce fait même, un intérêt considérable.

En outre, il faut beaucoup plus de spécimens pour traduire l'amplitude de la variation d'une espèce très polymorphe que dans la cas d'une espèce uniforme. Enfin, il faut aussi beaucoup plus de spécimens pour apprécier les différences entre des espèces très affines que dans le cas d'espèces bien distinctes.

ESPECES RARES ET ESPECES NOUVELLES
Les plantes rares et les espèces nouvelles ont une certaine tendance à se trouver ensemble. Quand on s'estime être dans l'éventualité de rencontrer des espèces rares ou nouvelles, il vaut évidemment la peine de prolonger la récolte, ce qui accroit beaucoup les chances de trouver encore d'autres espèces intéressantes.

Si on voit beaucoup d'espèces au moins 2 ou 3 fois dans une même zone, cela indique que leur taux de présence doit être assez élevé et que les chances de rencontrer des espèces encore non récoltées sont réduites. A l'inverse, si on ne perçoit les signes d'un taux de présence important que pour une seule espèce, il est plus probable qu'il existe dans cette zone de nombreuses autres espèces qui n'ont pas encore été récoltées jusqu'à maintenant.

REPETITION DES RECOLTE?
Il est toujours bon de récolter à nouveau une espèce quand on la rencontre à un autre stade de développement ou dans un meilleur état.

Il vaut aussi la peine de refaire la récolte d'espèces qui montrent des états extrêmes de la dimension de certains organes, de la couleur, etc....

On recherchera les 2 sexes dans le cas d'une espèce dioïque.

On peut marquer une plante ou même une population pour être à même de les retrouver à différents stades de développement.

Pour les espèces hétérostylées, quand on connait l'existence du problème (Erythroxylum, Oxalis, Eichornia, certaines Rubiacées), on fera 2 ou 3 (selon les cas) récoltes pour avoir les diverses formes de style, dont chacune sera évidemment récoltée sous un numéro distinct.

UNICATA ET DOUBLES
Dans le cas d'une récolte réduite à un "unicatum", il est bon de prendre quelques minutes pour voir alentour s'il n'y a pas d'autres individus, car très souvent, après une recherche attentive, on se rend compte que l'espèce n'est pas aussi rare qu'il y semblait de prime abord. Il faut toujours penser aux parts nécessaires destinées au pays d'origine, au spécialiste et aux échanges. Des lots de 5 à 10 parts ou davantage sont en tout état de cause très souhaitables.

Il est très utile de mentionner sur les étiquettes "unicatum". Il faut rappeler que ce terme a un sens strict: quand une part a été laissée dans le pays d'origine et/ou qu'une seule autre part a été envoyée au spécialiste, la seule part restant pour l'institution ne peut en aucun cas être désignée comme "unicatum": ce terme signifie en effet qu 'il n'existe strictement aucun autre double de la récolte, où que ce soit.

Toutefois quand il n'existe réellement qu'un "unicatum", on peut souvent en tirer un second spécimen fragmentaire: en prenant par exemple 1 ou 2 fleurs d'une inflorescence multiflore d'Orchidée combinée avec une ou deux feuilles et un pseudo-bulbe; avec une photocopie du spécimen entier, c'est encore mieux. S'il se trouve être le seul spécimen de l'espèce dans l'herbier qui le reçoit, il représentera alors une acquisition de grande valeur, malgré son état fragmentaire. Souvent un fruit ou une inflorescence peuvent être partagés en deux moitiés dont chacune donne une représentation encore acceptable (ex. Cyclanthacées); combinée avec un morceau de tige et des feuilles, chaque moitié peut alors constituer un spécimen utilisable; cependant, il importe d'indiquer sur l'étiquette qu'il s'agit du montage d'un fragment obtenu par redivision d'un matériel unique, dans le cas où cela ne se verrait pas de façon évidente.

Une plante peut se trouver en "unicatum" à tel endroit et également ainsi à tel autre. Si ces "unicata" ne sont pas tous conservés par leur pays d'origine, il faut récolter à nouveau cette plante, même si l'institution du récolteur n'en a pas besoin. Il conviendra alors d'ajouter sur le papier de journal l'information spéciale qui indique le lieu où elle doit être déposée: ex. "Unicatum pour CR".


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